Alors, ça donnait quoi Gago à Aldosivi ?

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Licencié huit mois après son arrivée sur le banc d’Aldosivi, la révolution espérée par Fernando Gago n’aura donc pas eu lieu. Sur le papier pourtant, l’idée était plus qu’intéressante : un entraîneur jeune avec des principes forts et une réelle volonté de faire passer un cap sportif au club de Mar del Plata, malgré sa relative inexpérience. Vingt-six matchs plus tard, pourquoi l’ancien joueur de Boca Juniors n’a-t-il pas réussi à la tête du Tiburón ? Récemment nommé à la tête d’un Racing en perdition totale, le défi est immense mais loin d’être insurmontable. Retour sur les premiers pas de Gago sur un banc de touche argentin.

Un apprentissage dans le dur

Trois petits mois. Il aura donc fallu seulement trois petits mois pour que l’odeur des terrains et le bruit des ballons frappant les filets manquent à Fernando Gago. En revenant dans le monde du football si peu de temps après l’avoir quitté, Gago avait beaucoup fait parler de lui. En bien tout d’abord. En s’installant à Mar del Plata, Pintita a fait le choix osé et fort de relever un challenge compliqué.

Car, soyons honnête, Aldosivi ne représente pas le fleuron du football argentin. Petit club plutôt habitué à la Primera Nacional qu’à la SuperLiga, le Más grande de la Costa Atlántica est une institution connue et reconnue, mais limitée sur presque tous les plans. Un club peu médiatisé certes, mais surtout un cocon parfait pour Gago, qui peut travailler et se former tranquillement, sans être constamment sous le feu médiatique des journaux argentins. De ceux qui n’hésitent jamais à descendre en flamme un entraîneur ou une équipe, après quelques matchs seulement.

Pour parfaire son apprentissage et mener à bien sa mission, le Pintita Gago peut aussi compter sur un soutien assez inattendu : la Asociación del Fútbol Argentino. La Fédération argentine, consciente que des relégations pourraient tuer définitivement certains clubs professionnels, a purement et simplement décidé de suspendre les descentes jusqu’à la saison prochaine, en attendant de trouver une solution pour stopper l’hémorragie financière générée par la crise de la Covid-19.

À contrario, son arrivée avait soulevé beaucoup d’interrogations. La plus légitime en tête forcément, à savoir, comment est-ce que Gago va faire évoluer El Tiburón (le requin) ? Et sous les interrogations diverses et variées, quelques inquiétudes. En débarquant dans un endroit aussi difficile, Pintita ne joue t-il pas à la roulette russe avec sa carrière d’entraîneur ?

Même son de cloche chez les supporters d’Aldosivi. Si les Jaunes et Verts disposent d’un sursis gracieusement accordé, le compteur du promedio, lui, tourne à plein régime et il faudra lui faire face en 2022. En prenant Fernando Gago plutôt qu’un entraîneur rompu aux joutes de la première division, Aldosivi ne passe-t-il pas à côté d’une chance inouïe de faire gonfler son promedio, assurant ainsi temporairement sa place dans l’élite du football Gaucho ?

Les premiers mois vont venir confirmer cette deuxième tendance. Un mois seulement après sa prise de fonction, la saison reprend par la Copa de la Liga Profesional, après presque une année sans football. Placé dans la plutôt relevée Zona A, l’apprentissage est rude pour Pintita. Au bout des treize journées de la Copa LPF, le Tiburón de Mar del Plata termine ce mini-championnat avec un bilan peu flatteur : onze petits points, trois victoires, deux nuls et huit défaites. Avec une dernière place derrière un autre candidat au bas de tableau, Arsenal de Sarandí, la première dans le grand bain de Fernando Gago se solde par un échec cuisant sur toute la ligne pour lui et pour Aldosivi.

Pourtant, si le bilan statistique est mauvais, le terrain lui l’est un peu moins. Arrivé avec un projet bien défini et quelques idées inspirées notamment par le sélectionneur de la Roja, Luis Enrique, Fernando Gago a su donner à son Tiburón une véritable identité. Une équipe qui évolue haut, qui a le ballon, avec un jeu court au sol et une grosse utilisation de la largeur. Si Pintita ne révolutionne pas le Fútbol avec un grand F, le néophyte a au moins le mérite de prendre des risques et de ne pas céder à la facilité d’une défense cadenassée et d’un bloc bas qui ne procède qu’en contre-attaque.

“C’est difficile de décrire ce que je veux mettre en place, surtout après un seul entraînement. Mais c’est clair que j’aime les équipes qui jouent au ballon, qui ont la possession et qui mettent de l’intensité. Après, je verrai aussi en fonction des joueurs que j’ai à ma disposition pour tirer le maximum de chacun”.

Fernando Gago, lors d’une conférence de presse quelques jours après son intronisation. (Rapporté par La Nación)

Mais malgré toutes les belles intentions affichées, Aldosivi et Gago se heurtent trop souvent aux limites individuelles d’un effectif beaucoup trop léger. Avec une marge de manœuvre extrêmement réduite due, une nouvelle fois, à la pandémie, les dirigeants n’ont pas pu offrir à Gago, en janvier dernier, un effectif conséquent pour tenter de déjouer les pronostics.

Du mieux mais toujours beaucoup d’instabilité

Alors, lorsque vient la trêve internationale pour la Copa América cet été, les dirigeants du Tiburón se décident à changer la donne et sortent le chéquier pour palier le manque d’amplitude criant d’un effectif déjà un peu sur les rotules. Avec peu de moyens, le Plus Grand de la Côte Atlantique recrute intelligemment et à bas coût. En quelques semaines, ce n’est pas moins de sept joueurs qui vont rejoindre le Stade José-Maria-Minella. Un contingent conséquent certes, mais qui a immédiatement eu un impact sur le rendement d’Aldosivi, grâce à l’ajout de trois titulaires importants dans la colonne vertébrale des Jaunes et Verts.

Parmi eux, José Devecchi. Débarqué de San Lorenzo après un prêt à Audax Italiano au Chili la saison dernière, le gardien s’est immédiatement imposé comme un titulaire indiscutable. Si Aldosivi prend toujours autant de buts, celui qui est prêté par les Cuervos est un dernier rempart fiable et solide pour el Tiburón. Excellent sur sa ligne, le portier anticipe parfaitement les trajectoires, est impérial en un contre un et se montre rassurant dans les airs. Une bonne pioche à moindre frais jusqu’en décembre de l’année prochaine.

Bien connu des suiveurs de Premier League et des Magpies de Newcastle, Fabricio Coloccini est arrivé pour poser son mètre quatre-vingt-quatre et sa tignasse à Mar del Plata. Venu pour apporter son immense expérience dans une défense qui n’en manque pas (trois joueurs à plus de 30 ans), l’ancien Cuervo a montré deux visages depuis son arrivée au club.

En premier lieu, le défenseur s’est parfaitement fondu dans l’effectif, jouant parfaitement son rôle de leader de terrain et de vestiaire. Avec une lecture du jeu impeccable et un belle science du placement, Colo, à la manière de Devecchi, s’est lui aussi immédiatement imposé comme un joueur important du 4-3-3 de Pintita. Malgré toutes les belles promesses entrevues, la tige argentine s’est parfois montré fébrile, dépassé par la vitesse de ses adversaires et coupable de grossières fautes, ce qui lui a déjà valu d’être expulsé en seulement quinze apparences.

Sans réel attaquant et avec une attaque moribonde, Aldosivi se devait, en priorité, de renforcer ce poste ô combien crucial dans le schéma de Gago. L’arrivée de l’Uruguyen Martín Cauteruccio a permis au Más grande de la Costa Atlántica de passer un cap. Arrivé libre d’Estudiantes de la Plata, Caute n’a pas mis longtemps avant de trouver le chemin des filets à vitesse grand V. Dans la surface, l’attaquant fait parler son physique et son jeu de pivot, fait de déviation et de coups de tête ravageurs. Au moment où ces lignes sont écrites, le géant uruguayen a déjà scoré 9 fois en dix-sept matchs. Son transfert, totalement gratuit, est déjà une réussite pleine et entière.

Alors forcément, avec un effectif un peu mieux armé et un système tactique qui commence à s’imposer dans les têtes et dans les jambes, Aldosivi entame la seconde phase du championnat avec beaucoup d’espoir. À raison. Lors des sept premiers matchs, le club de Mar del Plata s’impose quatre fois, ne fait qu’un match nul et ne concède que deux défaites. Mieux même, le club se place aux portes des places qualificatives pour la Copa Sudamericana.

Dans le jeu, l’équipe menée par l’ancien Xeneize régale. Jouant un jeu élégant et fin, toujours basé la possession et le jeu court, Aldosivi est généreux dans l’effort, se montre efficace, mais a surtout gagné en maturité, gérant beaucoup mieux ses temps forts et ses temps faibles lors des matchs plus compliqués. Un défaut qui avait coûté beaucoup de points lors de la première phase, en Copa LPF. Le point d’orgue de ce beau parcours est atteint le 20 août lorsque Aldosivi corrige le champion en titre, le Sabalero de Colón, chez lui, au stade José-Maria-Minella. Un 3-0 sec et une partition excellente de A à Z dans un match de très haut niveau qui aurait pu augurer de très bonnes choses pour la suite.

Mais chassez le naturel et il revient vite au galop. Depuis cette victoire fin août, le club ne gagne plus. En six matchs, Aldosivi a concédé six défaites, dont une grosse dernière (4-1) contre le Bodeguero de Godoy Cruz et sa jeunesse triomphante. Malgré plusieurs changements tactiques, notamment le passage du 4-3-3 au 4-2-3-1, le Requin de Mar del Plata n’avance plus. Pire que ça, il semble régresser. Une série assez incompréhensible, plongeant Gago et les supporters d’Aldosivi dans le désarroi le plus total. Un désarroi qui va conduire à l’inévitable.

La fin de la récréation

Car, malheureusement, après cette sixième défaite de rang, il fallait bien prendre des mesures radicales. Confirmé dans ses fonctions le dimanche soir puis licencié le lundi midi, l’aventure de Gago à Aldosivi a donc pris fin brutalement mais assez logiquement.

Que faut-il donc finalement retenir des vingt-six matchs de Fernando Gago à la tête d’Aldosivi ? Sincèrement, il serait mal venu de tirer un constat froid et définitif sur son niveau, tant les matchs joués sont peu nombreux. Avec un effectif très léger pour espérer autre chose que le bas de tableau, des renforts tardifs et une inexpérience latente, le destin du Pintita était assez prévisible pour sa première fois dans le grand bain.

Pourtant, il subsiste quelque chose de palpable de cette première expérience : une véritable volonté de s’en sortir par le jeu, de donner du plaisir aux supporters et d’imprimer une véritable marque Gago au Tiburón. Si ses résultats furent mauvais, son style plaisait à l’intérieur du club, et se retranscrivait sur le terrain, les joueurs adhérant en grande majorité à la philosophie prônée par l’ancien Xeneize.

La suite pour Gago ? Un retour immédiat dans le championnat argentin. Seulement quelques semaines après son départ de Mar del Plata, l’ancien milieu Xeneize était déjà de retour sur un un banc d’entraîneur. Annoncé du côté de l’Academia du Racing, le Pintita a débarqué à Avellaneda pour prendre la suite de Claudio Úbeda et pour tenter de panser les plaies d’un Racing moribond dans le jeu et en difficulté au classement.

Avec un effectif talentueux et bien plus fourni qu’à Aldosivi mais qui nage en plein doute et l’attente de résultats immédiats, nul doute que le défi qui attend Gago sera, une nouvelle fois, de taille. Si un retard à l’allumage était toléré à Aldosivi car la tâche était ardue, il ne disposera pas de la même mansuétude au Racing. Et si nouveau retard à l’allumage il y a, il faudra alors se poser les bonnes questions du côté de Gago, afin de faire enfin décoller sa carrière.

Crédits photos : Getty Images

Alors, ça donnait quoi Gago à Aldosivi ?







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